Sécurité n’est pas Sûreté
Fin février Monique POUILLE subissait neuf heures de garde à vue au prétexte qu'elle aurait rechargé des téléphones portables de sans papier. Plus récemment le Parisien puis Rue 89 rendait public le fait que des policiers étaient venus prendre des informations, auprès de l'Administration d'un lycée d'Ile de France, sur la famille et la scolarité d'un élève qui avait ouvert un blog d'information sur les grèves. Le 27 mars dernier une trentaine d'étudiants qui manifestaient sans violence mais trop près de François Fillon qui était en visite à Marseille, ont été mis pendant une heure et demi en garde à vue. La semaine d'avant des cyclistes bordelais, en état d'alcoolémie, avaient été mis en garde à vue pendant plusieurs heures.
Quel est le point commun de ces informations ?
La politique sécuritaire dans laquelle la France (comme beaucoup d'autres états européens) s'est engagée et ses conséquences : explosion des gardes à vue (+66% entre 2001 et 2007), allongement des durées de prison préventive, affaires de fichages….
Sans doute, mais il y a bien plus grave c'est que l'Etat offre de moins en moins à ses citoyens un des droits imprescriptibles que leur reconnaît le préambule de la Constitution : la Sûreté.
Au temps des lumières, les philosophes ont lutté pour que chaque citoyen puisse jouir de droits imprescriptibles tels que la liberté, la propriété, la sûreté.
La sûreté n'a rien à voir avec
Le choix de l'Etat, poussé par une large partie de l'opinion publique est de faire coïncider la notion de sécurité avec un ensemble de statistiques relatives à l'enfermement. Ce choix à pour conséquences de privilégier l'intérêt particulier de chaque citoyen par rapport à l'intérêt général. L'importante partie de l'opinion qui le soutient considère que la privation de liberté c'est toujours pour l'autre….Jusqu'au jour où l'on prend son vélo après quelques apéros, ou qu'on a le malheur de se regrouper trop près d'une visite officielle ou qu'un de ces enfants réponde à une journaliste du JDD….